2020, l’année où le vélo entre à marche forcée dans nos villes ? Peut-être. Ce transport léger et individuel est compatible avec les mesures de distanciation social, prend peu de place sur les routes, est plus silencieux qu’un scooter et plus sécurisé qu’une trottinette. La nécessité de revoir nos déplacements pour faire face à la pandémie accélère également la transformation des villes : partout en France, les maires réduisent la voirie pour consacrer des espaces provisoires pour les vélos, qui pourraient devenir permanents. À Paris, la rue de Rivoli sera carrément fermée aux voitures des particuliers.
Le vélo mécanique restant une activité sportive, on comprend tout à fait que des personnes se rendant sur leur lieu de travail n’aient pas envie de finir en nage. Démarrer sans effort au feu, gravir les côtes avec l’aisance d’un cycliste professionnel, arriver frais et sec au boulot… les promesses du VAE sont donc alléchantes.
Qu’est-ce qu’un VAE ?
Mais avant de vous plonger dans les fiches techniques ou de vous ruer chez votre marchand de vélos, il convient de bien comprendre le principe d’un VAE. Derrière ce terme un peu barbare, une norme qui définit précisément le fonctionnement de ces vélos électrifiés, la NF EN 15194. Celle-ci stipule plusieurs points qui caractérisent les vélos électriques en France : la puissance du moteur ne doit pas dépasser 250 Watts, le moteur ne doit avoir qu’une fonction d’assistance au pédalage, et sa vitesse de propulsion ne doit pas excéder les 25 km/h.
Si le vélo ne respecte pas ces critères, il entre dans la catégorie des cyclomoteurs, doit être immatriculé et assuré (c’est le cas des Speedbikes) et son conducteur doit porter un casque et rouler, bien entendu, sur la route.
Les VAE sont donc des vélos auxquels on a greffé une batterie et un moteur pour procurer une assistance au pédalage, qui s’enclenche jusqu’à 25 km/h. Si vous tombez en panne de batterie, pas de souci, il est toujours possible de pédaler sans assistance pour avancer.
La batterie
Avec le moteur, c’est l’élément le plus important d’un vélo à assistance électrique. La batterie peut être placée au niveau du cadre du vélo (parfois même intégrée au cadre) ou à la place du porte bagage. Elle pèse généralement entre 2 et 4 kg et rajoute donc un poids conséquent au vélo.
Sur les fiches descriptives accompagnant les vélos, la batterie est souvent caractérisée par un nombre en watt-heure (Wh), une tension (en Volts V) et une intensité (en ampère-heure Ah). L’intensité (le nombre suivi de Ah donc) exprime la capacité de stockage en électricité de la batterie, autrement dit, plus ce nombre est élevé, plus la batterie permettra une autonomie élevée. Les valeurs habituelles d’ampérage d’une batterie oscillent entre 7 Ah et 15 Ah.
La tension (nombre suivi de V) exprime la force du courant que la batterie sera capable de délivrer au moteur. Plus ce nombre est élevé, plus le moteur sera performant si le vélo est lourd ou si vous êtes en côte. Les valeurs varient généralement entre 24 et 37 Volts (certains VTT haut de gamme montent à 48 volts). Sauf si vous êtes léger et que vous optez pour un vélo léger, il est déconseillé d’acheter un vélo équipé d’une batterie de moins de 36 volts.
Le nombre exprimé Wh est tout simplement le produit des deux éléments précédents : un vélo qui embarque une batterie de 24 V et 10 Ah affichera 240 Wh sur sa fiche technique. Si c’est le seul élément renseigné, n’hésitez pas à interroger le vendeur ou le constructeur sur l’intensité.
Le chargeur sera systématiquement fourni avec votre vélo. Si vous souhaitez en acheter un deuxième ou bien si vous avez peur de le perdre, privilégiez une batterie de marque car les chargeurs sont plus faciles à trouver. Bosch, qui équipe la plupart des vélos électriques haut de gamme de son association moteur / batterie / ordinateur de bord, a un chargeur standard qui coûte un peu plus d’une centaine d’euros.
Notez que certains vélos ne proposent pas de batterie externe — c’est le cas des célèbres VanMoof, dont la version 3 a été dévoilée récemment. Ils compensent en élégance ce qu’ils perdent en confort d’utilisation au quotidien.
L’autonomie
Les autonomies des VAE sont très variables et peuvent titiller les 200 kilomètres. Globalement, les autonomies actuelles vous permettront toujours de partir en balade ou de faire votre trajet domicile-travail sans le stress de la panne. Les autonomies dépassant les 150 km sont à recommander pour les aficionados des longues randonnées ou si vous ne voulez simplement pas recharger votre vélo tous les jours.
L’autonomie variera immanquablement avec le niveau d’assistance que vous demandez. Sur un Moustache X-Road 3, le mode Turbo le plus puissant permettra de faire une soixantaine de kilomètres, quand le mode Éco permettra d’atteindre plus du double.
Si la batterie est vide, vous pouvez continuer à pédaler, mais le confort dépendra de l’équipement de votre vélo, notamment sur les vitesses. Un petit gravel vendu par Décathlon sans moteur fait une dizaine de kilos, quand la plupart des vélos électriques tournent autour de 20 : autant de kilos à porter avec vos jambes. Certains VAE n’ont pas de vitesse ou des vitesses « électroniques », ce qui signifie que sans batterie, vous allez souffrir.
Le moteur et le type d’assistance
Capteur de pression (ou de couple) : un capteur qui se base sur la pression effectuée par le pied sur la pédale pour enclencher l’assistance.
Capteur de rotation : un capteur qui se base sur le mouvement de rotation du pédalier pour enclencher l’assistance.
Autre élément-clé du VAE, le moteur est le cœur du système puisque c’est lui qui assiste le pédalage. Il est positionné au niveau du moyeu des roues (avant ou arrière) ou au niveau du pédalier. Une fois activé via un boîtier, il est actionné la plupart du temps par l’action de pédalage.
Il peut s’enclencher selon deux modes différents : les moteurs à capteur de pression (les termes ‘capteur de couple’ sont également utilisés), et les moteurs à capteur de rotation. Si les premiers s’enclenchent immédiatement lorsque l’utilisateur appuie sur la pédale, les seconds nécessitent un mouvement de rotation (mesuré au niveau du pédalier, il est différent selon les modèles, cela peut être un tour de pédale, un demi-tour, etc.).
Moins chers, les capteurs de rotation ont l’avantage de procurer une poussée efficace mais peuvent donner l’impression de pédaler dans le vide. L’assistance offre un ressenti plus naturel sur les capteurs de pression puisque leur assistance est proportionnelle à la poussée effectuée sur le pédalier. C’est ce qu’on retrouve sur la plupart des vélos haut de gamme.
Concernant le type d’assistance, nous ne pouvons que vous recommander d’essayer les deux pour choisir celle qui vous paraît la plus adaptée à votre usage. De manière générale, les capteurs de pression sont recommandés si vous êtes souvent amené à démarrer en côte ou si vous voulez conservez les sensations du vélo.
Des constructeurs proposent parfois une parade pour coupler un moteur moins cher à un vélo proposant tout de même une bonne dynamique : VanMoof propose un bouton turbo sur le guidon qui va déclencher le moteur à 100 %, tout en le conservant dans le moyeu. Cela amène un autre style de conduite où il faut penser à se booster pour compenser l’effort.
Le poids
Lors d’une première prise en main, c’est le poids des VAE qui représente la plus grosse différence avec un vélo classique. La présence d’un moteur et d’une batterie rajoute une petite dizaine de kilos et nous vous conseillons de vous poser la question des accessoires que vous souhaitez acquérir : un moteur dans la roue avant viendra alourdir la direction et ne sera pas recommandé avec un panier de guidon. Si vous souhaitez vous équiper de sacoches ou d’un siège enfant, évitez les vélos qui regroupent moteur dans la roue arrière et batterie sous le porte-bagages, etc.
Frein à disque : des mâchoires appuient sur un disque placé au niveau du moyeu des roues pour ralentir leur rotation.
Frein hydraulique : plus perfectionnés que les freins mécaniques qui utilisent des câbles, les freins hydrauliques utilisent une huile qui, lorsqu’elle est mise sous pression par l’appui sur la poignée de frein, enclenche le frein. Ils équipent les vélos haut de gamme.
Frein à tambour : un frein où les mâchoires viennent frotter sur les parois d’une cloche solidaire à la roue pour ralentir sa rotation.
Connectivité
Depuis quelques années, les fonctions connectées fleurissent sur les VAE. Dans l’ensemble on peut dire qu’elles apportent une plu-value intéressante si elles ciblent une fonctionnalité précise (antivol, localisation etc.), mais opter pour un vélo entièrement connecté, sans possibilité de le démarrer sans smartphone, reste encore hasardeux. C’est pour cela que nous sommes mitigés sur des modèles comme le Cowboy. L’offre actuelle est aujourd’hui essentiellement composée de startups à la santé financière fragile et l’écosystème qu’elles développent peut disparaître aussi vite qu’il est apparu.
Nous conseillons de penser le vélo avant tout comme un objet de transport et de ne pas lui greffer les exigences que l’on aurait du monde de la tech. Oui, les ordinateurs de bord Bosch d’entrée de gamme ont un écran sans couleur qui ressemble à celui d’une vielle Casio et non tactile, mais ils ont été conçus pour avoir le choix de la vitesse toujours sous le pouce et pour être lisibles même en plein soleil. À l’usage, on apprécie ce côté rustique plus que des gadgets qui augmentent la probabilité de panne… ou de bug.
La sécurité
En vélo électrique, l’assistance vous fera facilement dépasser les 20 km/h. Il est donc utile de rappeler les bases. Casque et gilet jaune (ou orange, ou vert, tant qu’il soit réfléchissant) ne sont pas obligatoires en ville mais sont fortement conseillés. Sorti des agglomérations, le gilet est en revanche obligatoire. Ne pas en porter vous expose à une amende de minimum 35 €.
Autre équipement obligatoire, l’éclairage est généralement monté en usine avec le vélo. Sa fonction est évidemment d’éclairer votre route, mais surtout de vous rendre visible par les autres usagers. On vous invite donc à privilégier les vélos équipés d’un éclairage puissant et dont l’alimentation ne nécessite pas de pile.
Dernier conseil sécurité, les VAE étant plus lourds que leurs équivalents classiques, nous vous recommandons de choisir des freins performants, comme peuvent l’être les freins à disque hydraulique. Ce conseil est d’autant plus important si vous vous déplacez chargés (sacoches) ou avec un enfant (sur un siège enfant). Les freins à tambour ne présentent pas d’avantage en terme d’efficacité, si ce n’est qu’ils sont moins impacté par l’eau que les classiques freins patins.
Quel prix ?
On trouve en boutique et sur le web des vélos électriques à des prix allant de quelques centaines d’euros à plusieurs milliers. Les vélos low-cost permettent une première incursion dans le monde du VAE et s’affichent entre 400 et 1 000 euros chez les grands distributeurs (Norauto propose l’un des modèles les moins chers de France, Decathlon propose toute une gamme, etc.).
Entre 1 000 et 1 800 euros, on trouve des vélos de milieu de gamme, souvent qualitatifs et polyvalents (chez O2feel, CyclO2, Peugeot, Gitane par exemple) .
À partir de 1 800 euros on entre dans la catégorie des vélos haut de gamme où officient les capteurs de pression. À ce prix là pas de surprise, la partie cycle est de qualité et la batterie et le moteur sont de marque. Si les VAE nécessitent un investissement financier conséquent, de nombreuses municipalités proposent des subventions à leur achat. C’est ici qu’on trouve des noms comme Moustache, Specialized, Cannondale, VanMoof ou Mad In France.
En Île-de-France, le service Véligo propose de s’essayer à la pratique grâce à un abonnement, avec un vélo de bonne qualité.
Où acheter son VAE ?
Si vous avez lu des articles sur les vélos ces dernières semaines, il est fort probable que votre flux Facebook ou Instagram soit inondé de publicités pour des vélos étranges, vendus en crowd-funding, via du dropshipping ou depuis des marketplace comme AliExpress ou Wish. Les tarifs peuvent être alléchants, mais ne vous y trompez pas : un vélo n’est pas un jouet. Vous voulez de la sécurité, un respect des normes européennes (une homologation est demandée pour toucher les subventions par exemple) et surtout, un service après-vente.
Préférez dès lors, au moins, des sites web avec un SAV français ou des boutiques physiques associées : Ultimbike, Lepape, En Selle Marcel, etc.
Pour régler les soucis du quotidien, une entreprise comme Cyclofix peut se déplacer dans la journée.
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