Imaginez un jouet pour enfant que l’on gagnerait dans une fête foraine après avoir abattu quelques canettes en métal avec un chiffon roulé en boule. Ce serait une grosse moto, à l’Américaine, qui fait rêver. Elle scintillerait de partout. Elle tiendrait dans la main.
La Panther de Hadin ressemble un peu à ce jouet, mais en taille adulte. Nous l’avons approchée ce 5 novembre 2019 à l’EICMA, le salon de Milan dédié aux deux-roues où Numerama s’est rendu cette année. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on ne s’attendait pas à ça.
Un grand mystère entourait Hadin depuis fin octobre, alors que l’entreprise dont personne ne connaissait le nom avait annoncé, sur un tout nouveau site officiel, qu’elle allait produire la « toute première moto électrique cruiser américaine ». Or comme le notait Electrek, la marque ne semblait pas américaine, mais plutôt chinoise. Nous avions d’ailleurs confirmé qu’une première version du site définissait Hadin comme une entreprise chinoise.
Sur le stand à l’EICMA, Hadin nous a confirmé que seul le design de sa moto électrique a été réalisé aux États-Unis, mais que tout était fabriqué en Chine. Mais au-delà de ces origines plutôt floues — car, après tout, rien n’empêche une entreprise chinoise de produire un très bon cruiser électrique —, c’est l’objet en lui-même qui nous a décontenancés.
Une esthétique très cheap
De loin, la Panther ressemble vraiment aux images promotionnelles : une grosse moto stylée sur laquelle on rêverait de s’échapper sur la route 66 et rouler les cheveux au vent pendant des heures. De près, cependant, la moto renvoie immédiatement une image très cheap. Sa carrosserie est presque uniquement en plastique — du genre fin, qui résonne lorsqu’on le touche —, les reposes-pieds semblent avoir été recouverts à la va-vite avec une peinture qui colle, tandis que le socle qui recouvre l’emplacement du chargeur a clairement un peu de jeu.
On retrouve cette impression sur tous les modèles exposés, mais la orange et noir s’en tire le mieux — sachant que Hadin permet officiellement à ses futurs clients de choisir n’importe quelle couleur pour la carrosserie, on craint tout de même pour les futurs modèles.
Du côté du guidon, on retrouve des commandes et des boutons typiques des deux-roues « entrée de gamme » : il y a le strict minimum (clignotants, feux, changement de modes) et toujours cette sensation plastique ineffable. L’impression d’avoir à faire à un gros jouet n’est que renforcée par l’aperçu du tableau de bord qui nous a été donné, semblant sortir d’un catalogue d’usine : il s’agit certes d’une démo, mais on y découvre une esthétique très jeux vidéo, où la barre de batterie est représentée… par un logo essence.
L’appareil semble ultra-connecté : caméra à l’avant et à l’arrière, déverrouillage par empreinte digitale, application reliée par Bluetooth (l’app qu’on nous a montrée représentait toutefois un scooter et non une moto)… Tout est là pour montrer que la Panther est moderne, mais le véhicule ne parvient pas à se dégager de son aspect gadget.
Tout porte en fait à croire que ce lancement a été réalisé à la hâte pour que Hadin puisse être présent à l’EICMA 2019 ; l’entreprise y a d’ailleurs deux stands. En plus du produit un peu cheap, le site officiel de la marque n’est pas encore très fonctionnel (la majorité des liens ne renvoient vers rien), et la brochure distribuée sur place est dans un anglais plus qu’approximatif.
Il est, bien sûr, possible que le véhicule soit finalement une bête de course, capable d’aligner des performances incroyables sur la route. Mais il faudra vraiment que l’appareil soit impeccable — ou bien vendu très peu cher — pour réussir à transcender cette mauvaise première impression. Le deux-roues est censé être disponible à la commande en ligne d’ici janvier-février 2020.
Numerama est à l’EICMA du 5 au 6 novembre 2019. Pour nous y rendre, nous avons accepté l’invitation de Niu, le constructeur chinois, qui est présent sur le salon pour présenter ses nouveautés. La rédaction suit l’actualité de Niu depuis longtemps et est entièrement libre de couvrir ce qu’elle souhaite sur le salon, de manière indépendante.
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