C’est officiel, Ford vient de dévoiler officiellement celui qui entretient le buzz depuis plusieurs mois… on parle bien entendu du SUV 100 % électrique du constructeur américain. Et c’est sûr, Ford ne pouvait choisir meilleur modèle que Mustang pour faire une entrée très remarquée sur le marché de l’électrique. Mettons de côté ce que les Mustang et leurs gros moteurs thermiques évoquent pour s’intéresser au renouveau de la marque. Le début d’une nouvelle ère pour Ford que nous avons eu l’occasion de découvrir en avant-première en passant quelques heures en studio avec le Mustang Mach-E.
Et autant vous dire qu’avec la ligne, l’image de marque, l’autonomie (annoncée) et les tarifs qui démarrent à 48 990 euros, ce nouveau Mustang pourrait bien avoir tout ce qu’il faut pour convertir bon nombre d’automobilistes au 100 % électrique. D’ailleurs à ce niveau de prix, oubliez toutes comparaisons avec le Tesla Model X, Audi e-Tron, Jaguar i-Pace ou encore Mercedes EQC. Ford cible plutôt les Tesla Model Y et Volkswagen ID.4 à venir.
Mustang Mach-E : carrément pas un SUV à l’américaine
Appelez-le « le Mach-E ». Une dénomination qui fait naturellement référence à la notion de la vitesse du son et donc à la sportivité. On savait aussi que ce nouveau véhicule serait un SUV, mais une fois en face de lui, on peut dire que ce terme ne colle pas franchement avec sa carrosserie. Ou en tout cas pas à l’image qu’on peut se faire d’un SUV aux origines américaines.
Pour Amko Leenarts, Directeur du design chez Ford, le terme employé en interne est bien SUV, mais lors de la présentation de « son bébé », il reconnaît qu’on est loin du caractère imposant que laisse sous-entendre cette catégorie de véhicule et, surtout, lorsqu’on pense aux SUV. D’autres marques l’auraient sans doute appelé CUV à l’image d’Audi et de son Q8. Pour nous, il a clairement des airs de berline compacte surélevée à laquelle s’appliquent volontiers quelques adjectifs qualificatifs : imposant, agressif, stylé…
De profil, la ligne de toit plongeante est renforcée par la teinte bicolore de Mach-E. Le noir du pavillon fait clairement office de trompe-l’œil et donne encore plus l’impression que la ligne de ce SUV s’écrase totalement sur l’arrière. Une illusion et un design façon « fastback » qui fonctionne bien, en tout cas en studio et selon nos premières impressions.
À l’arrière, on retrouve des blocs optiques très proches de celle de la Mustang et ses ailes gonflées lui confèrent assurément une belle stature qui se fera remarquer une fois sur la route. Bref, le Mach-E est loin d’être un paquebot avec une longueur (4,71 m) et une largeur assez classique (1,88 m). La hauteur est quant à elle de 1,6 m.
Jusqu’à 337 chevaux et 600 km d’autonomie
Forcément le Mach-E ne pouvait pas être un modèle aux performances « quelconques ». Ford le déclinera en plusieurs versions, incluant un ou deux moteurs et des batteries (Lithium-Ion fabriquées par LG) de plus ou moins grandes capacités. À l’heure où nous écrivons ces lignes, voici les informations que nous avons.
La version « d’entrée de gamme », vendue à partir de 48 990 euros, sera équipée d’un moteur de 190 kW (258 ch), placé en position arrière pour offrir les sensations d’une propulsion. Le couple annoncé est de 415 Nm, ce qui, sans être énorme, devrait permettre de bouger les deux tonnes du Mach-E plutôt confortablement. D’ailleurs Ford indique que le 0 à 100 km/h serait effectué en moins de 8 secondes. Cette même version sera équipée d’un pack de batterie de 75 kWh donnant lieu à une autonomie estimée sur le cycle WLTP de 450 km. Pas mal !
Pour la seconde version, l’autonomie est portée à 600 km grâce à un pack de batterie de 99 kWh. Le poids de l’auto n’est pas communiqué, mais il devrait avoisiner les 2,1 tonnes, car le pack de cellules lithium-ion pèse à lui seul 596 kg, contre 477 kg pour la précédente version. Quoi qu’il en soit, il s’agit là de la version la plus endurante de Mach-E qui développe alors 210 kW (285 ch) sur ses roues arrière.
Les troisièmes et quatrièmes déclinaisons reprennent les mêmes capacités de batterie de 75 et 99 kWh, mais cette fois-ci avec une transmission intégrale. Le couple est alors porté à 565 Nm et la version la plus puissante abattrait le 0 à 100 km/h en moins de 5 secondes. En détail, la version eAWD (pour electric All Wheel Drive) 75 kWh affiche une puissance de 190 kW (258 ch) et promet une autonomie de 420 km. Par rapport à l’autre version 75 kWh, alors que la puissance cumulée des moteurs reste la même, l’autonomie est moins bonne. C’est selon nous lié au surpoids du second moteur sur l’essieu avant. Gageons que c’est l’agrément de conduite et la tenue de route qui devraient ici faire la différence.
Pour finir, la version 99 kWh eAWD accuse une puissance de 248 kW (soit 337 ch) et une autonomie de 540 km. À noter que c’est cette dernière version, baptisée « First Edition » qui sera la première à être disponible en Europe (on ne connaît pas les dates par pays) à partir de 69 500 euros.
Attention : les capacités de 75 et 99 kWh des batteries correspondent à ce que Ford a intégré dans les véhicules, mais comme toujours, la capacité utile est inférieure. Le constructeur ne nous a pour l’instant pas donné d’information sur le sujet. Toutes les versions verront leur vitesse maximale bridée à 180 km/h, ce qui fait plutôt partie des limites (très) hautes.
Puissance et réseau de charge
Ford fait partie des constructeurs ayant rejoint l’alliance Ionity composée également de BMW, Mercedes, Hyundai, Audi, Porsche ou encore Volkswagen. Tous travaillent sur le déploiement du réseau de charge Ionity dont les stations à haute puissance peuvent atteindre les 350 kW.
Ce n’est pas ici la puissance admise par le Mach-E, mais sa prise Combo CSS peut néanmoins encaisser jusqu’à 150 kW, ce qui permet, selon Ford, de passer de 10 à 80 % en 45 minutes. Et toujours lorsque la station tourne à plein régime, 10 minutes de charge suffiraient pour récupérer 93 km d’autonomie. Voilà qui positionne le Mach-E au-dessus du lot, en tout cas à son niveau de prix, tant sur la capacité des batteries que sur la puissance de charge. Tesla exclu, bien entendu, qui domine le marché avec ses Superchargeurs.
Plus classique en revanche, le constructeur annonce qu’il compte bien faciliter la vie de ses clients en mettant en place un système de facturation unique regroupé au sein du service Ford Pass. Grâce à celui-ci, conductrices et conducteurs de Mach-E n’auront plus à se préoccuper de qui est l’opérateur de la borne sur laquelle ils entendent refaire le plein. Sauf rares exceptions peut-être, car Ford Pass serait compatible avec les bornes les plus populaires du réseau de charge européen, comptant dans le cas présent plus de 125 000 stations, selon Ford.
Le réseau Ionity en compte aujourd’hui plus de 200, mais ce chiffre devrait doubler en Europe dans le courant de l’année 2020. Quoi qu’il en soit, pour les clients Ford, chaque recharge sera gérée automatiquement par le compte Ford Pass, regroupée sur une facture unique et tout cela accessible directement depuis le smartphone. Enfin, le constructeur proposera aussi des wallbox connectées pour les clients qui souhaiteraient s’équiper d’une solution de charge plus rapide à la maison.
La vie à bord sera numérique
Et le smartphone a une autre grande importance importance au sein de l’offre Mach-E puisque c’est lui qui fait office de clé pour accéder à bord du véhicule, mais aussi pour le démarrer.
Il est possible de déverrouiller son véhicule même si la batterie du smartphone est à plat et, petit clin d’œil à d’anciens modèles, on trouve aussi sur le montant de la portière du conducteur, un clavier permettant de composer un code pour ouvrir la voiture. Celui-ci permet, par exemple, de laisser le téléphone dans la voiture pendant qu’on va à la piscine et d’utiliser le système de code pour fermer et ouvrir le Mach-E.
Peut importe le mode de déverrouillage pour lequel vous opterez, l’ouverture des portières s’opère ensuite en pressant un bouton situé sur le montant. Puis il suffit de tirer sur la petite poignée en plastique. Tesla ou encore DS ont leurs poignées escamotables, Ford tenait visiblement à avoir son « truc à lui »… en espérant que tout cela soit bien solide dans le temps.
Côté multimédia, impossible de passer à côté de cet immense écran de 15,5 pouces installé à la verticale. Inutile de préciser à quels autres modèles américains cela nous fait penser. En revanche, on trouvera ici quelque chose qu’on ne trouve pas sur les fameux Model de Tesla, à savoir la compatibilité avec Apple CarPlay et et Android Auto. Nos premières manipulations du système laissent penser que, même en version bêta, l’ensemble est assez fluide et plutôt bien conçu. Le constructeur succombe au « tout tactile » (ou presque) et il faudra d’ailleurs être vigilant, car l’arborescence de menus et sous-menus nous a semblée très dense. Nous avons d’ailleurs partagé ce point avec le constructeur. Peut-être que celui-ci simplifiera un peu l’ergonomie au fur et à mesure des mises à jour, quitte à créer un mode avec les fonctions de base et un autre avec les réglages experts.
Car à la manière d’une Tesla, le nombre de boutons à l’intérieur de l’habitacle est réduit au maximum pour être intégré à l’interface tactile de Mach-E. Ajoutons qu’en plus de Google Assistant et Siri, Mach-E permettra aussi d’accéder à Alexa pour piloter certaines fonctions de la voiture, mais aussi piloter ses équipements connectés depuis l’habitacle.
Nous parlions de l’illusion de faible hauteur créée par le toit bicolore de Mach-E. Mais dans les faits, l’auto offre une hauteur d’assise équivalente à celle d’un Ford Kuga. Autrement dit, il n’est pas nécessaire de se contorsionner pour s’installer, à l’avant comme à l’arrière. Et si à l’arrière la place aux jambes n’est pas démentielle, elle est loin d’être ridicule. La hauteur de garde de toit est même tout à fait convenable. Reste qu’à bord de la finition « 1st edition » qui nous est présentée, l’intérieur intégralement noir assombrit beaucoup l’habitacle, malgré le large toit panoramique.
Pour en finir avec le tour du propriétaire, ajoutons qu’on trouve derrière le volant un écran de 10 pouces au format panoramique où figure toute l’instrumentation. Comme l’écran central de 15,5 pouces, celui-ci devrait être proposé dès le premier niveau de finition, mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, cela reste encore à confirmer.
Le Mach-E s’offre aussi le luxe d’un double coffre. Un à l’arrière pouvant contenir 402 litres et un à l’avant d’une capacité de 100 litres. Là encore, Ford marque des points en proposant ces deux espaces de rangement qui sont assez rares sur les véhicules électriques, y compris chez les marques premium que sont Audi et Mercedes.
Ford Mach-E : un véhicule semi-autonome de série ?
Lors de la présentation de ce véhicule, un détail a attiré notre attention : un module noir logé juste au-dessus du volant.
C’est là que Ford a prévu d’intégrer les modules dédiés à analyser la vigilance du conducteur. Pourquoi faire ? À cette question, notre interlocuteur chez Ford nous répond que Mach-E sera commercialisé en 2020 et 2021. Il n’est donc pas aberrant d’imaginer qu’il pourrait offrir des fonctions de conduite semi-autonome. Car si le Mach-E dispose à sa sortie de technologie d’aide à la conduite de niveau 2 (ACC, maintien dans la voie, freinages d’urgence, lecture des panneaux, etc.), le niveau 3 ne sera peut-être pas bien loin fin 2020 – n’oublions pas ce véhicule sera aussi vendu aux États-Unis qui détient une belle avance sur la question côté lois. Dès lors, les capteurs seront utilisés pour s’assurer que le conducteur est bien attentif à ce qu’il se passe sur la route dans les phases où l’auto devra lui (re)donner la main.
Chez Ford, on se garde bien d’en dire plus, mais si d’aventure la législation concernant le véhicule autonome devait évoluer, il ne faut pas oublier que Ford détient une solide expérience dans le domaine de la conduite robotisée. Bref, une affaire à suivre qui ajoute à l’engouement pour ce véhicule 100% électrique.
L’avenir nous dira donc si le Mustang Mach-E connaîtra un beau succès, mais tant sur le design, que son rapport puissance/autonomie/prix, le constructeur américain s’est réellement donné les moyens de réussir. Reste à en savoir un peu plus sur les finitions intérieures (tout à fait convenables sur notre version 1st Edition) et le confort de conduite pour voir s’il tiendra la distance face aux Kia e-Niro et autre Hyundai Kona, proposés sensiblement aux mêmes tarifs, mais avec moins d’autonomie et moins de puissance.
Ford nous donne également rendez-vous fin 2020 pour découvrir la version GT de ce Mustang Mach-E… cela promet !
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