Sur le marché de l’automobile 100 % électrique, Tesla dispose d’une belle avance technologique. Ses voitures sont capables d’endurer de longues distances et, régulièrement, elles reçoivent des mises à jour améliorant leurs performances. Il y a néanmoins un sujet qui continue de semer la confusion dans l’esprit des observateurs : la conduite 100 % autonome. C’est la faute d’Elon Musk, qui ne cesse de promettre des avancées que ni les conducteurs ni le cadre législatif ne peuvent suivre.
Dès septembre 2015, le milliardaire annonçait de la conduite 100 % autonome pour 2018. Nous sommes en 2021 et encore loin de voir des voitures assurer l’intégralité d’un trajet sans aucun souci. On rappelle que toutes les voitures Tesla disposent de l’équipement nécessaire à la conduite 100 % autonome (Hardware 2.0, assemblé depuis 2017). La partie logicielle est assurée par des algorithmes nommés Autopilot, dont les fonctionnalités les plus évoluées sont payantes.
Qu’entend-on par conduite 100 % autonome ?
On entend souvent parler de niveaux concernant la conduite 100 % autonome. Les voici :
- Niveau 0 : le conducteur reste maître du véhicule à 100 % ;
- Niveau 1 : la voiture assure quelques assistances de confort et/ou de sécurité (exemple : le franchissement de ligne) ;
- Niveau 2 : la voiture est capable d’assurer, seule, quelques fonctions et de les combiner (exemples : régulateur de vitesse adaptatif, aide au stationnement) ;
- Niveau 3 : la voiture peut assurer un trajet seule sous certaines conditions clairement établies (le conducteur doit rester vigilant derrière son volant) ;
- Niveau 4 : la voiture peut assurer un trajet seule, sur certains types de voies, sans aucune intervention humaine ;
- Niveau 5 : niveau d’automatisation maximal, avec une voiture sans volant capable de tout faire, dans toutes les conditions, sur toutes les voies.
Aujourd’hui, les fonctionnalités de l’Autopilot naviguent entre le niveau 2 et le niveau 3. Par exemple, Navigation avec Autopilot est « assistance à la conduite de la voie d’insertion jusqu’à la sortie d’autoroute, y compris sur les échangeurs et pour dépasser des véhicules plus lents ». Cela correspondant à de la conduite autonome de niveau 3, car l’absence de contrôle par le conducteur n’est pas encore au programme.
En octobre 2016, Elon Musk évoquait de la conduite autonome de niveau 4 : « Nous allons pouvoir faire la démonstration d’un trajet 100 % autonome de Los Angeles à New York. » Cinq ans plus tard, on attend toujours cette démonstration. En plus de cette promesse, Tesla ambitionne de lancer une flotte de robotaxis, ce qui correspond à une conduite autonome de niveau 5. D’après les dires d’Elon Musk, les voitures de Tesla seraient équipées pour, malgré l’absence d’un LiDAR — dispositif normalement utilisé par les concurrents.
Toutes les fois où Elon Musk a évoqué la conduite autonome opérationnelle
Elon Musk est à la fois très bavard et très ambitieux. Et, souvent, il lui arrive de parler avant de réfléchir à la faisabilité de ce qu’il annonce. Dans le cas de la conduite 100 % autonome, les exemples ne manquent pas depuis 2015. Jugez plutôt :
- Septembre 2015 : « Je parie que nous aurons de la conduite autonome d’ici 3 ans » ;
- Janvier 2016 : « D’ici 2 ans, vous allez pouvoir appeler votre voiture depuis l’autre côté du pays » ;
- Octobre 2016 : « Je suis assez confiant sur cet objectif. Nous allons pouvoir faire la démonstration d’un trajet 100 % autonome de Los Angeles à New York. Plus spécifiquement de chez soi à Los Angeles à Times Square à New York. Ensuite, la voiture ira se garer seule, d’ici la fin de l’année prochaine » ;
- Avril 2017 : « En novembre ou décembre de cette année, nous devrions pouvoir aller d’un parking en Californie à un parking de New York, sans jamais rien toucher pendant le trajet » ;
- Février 2019 : « Je pense que nous allons lancer la conduite 100 % autonome cette année. Cela signifie que la voiture sera capable de vous trouver dans un parking, de vous prendre et de vous emmener à votre destination sans aucune intervention. Cette année. Je pourrais affirmer que je suis sûr de ça, ce n’est pas un point d’interrogation » ;
- Avril 2019 : « Je suis très confiant quand je prédis des rabotaxis autonomes de Tesla pour l’année prochaine » ;
- Mai 2019 : « Nous aurions pu faire un trajet Los Angeles – New York en Autopilot l’année dernière, mais quand nous le ferons cette année, cela voudra dire que tous ceux ayant le pack Capacité de conduite entièrement autonome pourront le faire aussi » ;
- Octobre 2019 : « Bien que le timing soit serré, il semblerait que nous soyons capables de proposer la conduite 100 % autonome en accès limité dès cette année » ;
- Avril 2020 : « La fonctionnalité sera là avant la fin de l’année. La grande inconnue reste l’approbation des pouvoirs publics » ;
- Décembre 2020 : « Je suis très confiant sur notre capacité à terminer la conduite 100 % autonome et à l’intégrer à notre flotte l’année prochaine… et je crois que certains états auront des lois sur la conduite autonome de niveau 5 l’année prochaine. Il n’y a plus aucun défi fondamental à relever » ;
- Janvier 2021 : « Nous allons proposer la bêta de la conduite autonome à plus de monde. De mon point de vue, il est clair que nous tendons vers un véhicule qui conduira de manière plus sûre qu’une personne. Je ne vois aucun obstacle à ça ».
En bref, Elon Musk est allé un peu vite en besogne sur la conduite 100 % autonome, et pas uniquement parce que Tesla est techniquement dans l’impasse : la régulation ne suit pas forcément le progrès technologique et les autorisations pour une conduite autonome de niveau 5 sont aujourd’hui très limitées, même pour de simples procédures de tests.
Où en est vraiment Tesla ?
Si les déclarations d’Elon Musk sont souvent beaucoup trop optimistes, Tesla reste quand même très en avance sur le sujet. Aujourd’hui, ses voitures proposent déjà des fonctionnalités très évoluées et, chaque jour, son Autopilot emmagasine des milliers de kilomètres pour se perfectionner.
Il y a un effet boule de neige : plus il y aura de Tesla sur les routes, plus l’Autopilot se peaufinera. Grâce à l’option Capacité de conduite entièrement autonome facturée 7 500 euros (tarif volatil), les voitures de Tesla peuvent maintenir une trajectoire, accélérer et freiner seule, assurer un trajet sur l’autoroute, changer automatiquement de voie, stationner en créneau ou en bataille, sortir d’un emplacement ou encore reconnaître et réagir aux feux tricolores ainsi qu’aux panneaux-stop. Dans les mois à venir, le constructeur souhaite introduire l’assistance à la conduite en ville. À noter, quand même, que l’Europe a inhibé l’Autopilot, susceptible selon le législateur d’engendrer des comportements dangereux — il est donc moins performant qu’ailleurs.
Aux États-Unis, où la législation est plus laxiste, certains propriétaires ont déjà accès à de la conduite 100 % autonome grâce à une bêta lancée en octobre 2020 — sous la surveillance de la NHTSA. « La Capacité de conduite entièrement autonome est en phase de bêta avec accès limité et doit être utilisée avec prudence. Elle peut prendre la mauvaise décision au mauvais moment, vous devez donc toujours garder vos mains sur le volant et faire encore plus attention à l’environnement. Ne soyez pas trop confiant », rappelle Tesla à celles et ceux qui peuvent en profiter.
En somme, l’Autopilot prend parfois la forme d’un vaste terrain d’expérimentations et il est trop tôt pour affirmer qu’il sera bientôt capable d’assurer un trajet de A à Z n’importe où, n’importe quand, à très court terme. On peut néanmoins écrire ceci : la communication d’Elon Musk a une avance sur la réalité technologique qui a une avance sur la loi.
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