L’annonce a fait grand bruit, et c’est sans doute précisément ce que souhaitait le Royaume-Uni. Le gouvernement britannique a annoncé ce 28 avril, révèle la BBC, que les véhicules autonomes pourraient être autorisés sur son territoire, dès la fin de l’année 2021. Cela ne signifie pas, bien entendu, que les Britanniques pourront bientôt remiser leur Code de la route au grenier. Le dispositif de conduite qui pourrait recevoir bientôt un feu vert est d’un type bien précis : il s’agit des « systèmes de maintien automatisé dans la voie » (en anglais, automated lane-keeping systems ou ALKS).
Comme son nom l’indique, cette technologie sert à maintenir un véhicule dans la voie qu’il occupe. Elle contrôle également l’accélération et le freinage de la voiture, de manière à ce qu’elle avance de manière sécurisée. Selon la BBC, le gouvernement a confirmé que, dans les scénarios étudiés, les conductrices et conducteurs n’auraient pas l’obligation de surveiller la route ni de garder les mains sur le volant. Ils devraient simplement « rester vigilants et être en mesure de reprendre le volant dans les 10 secondes », si le système les sollicite. Précisons cependant que l’ALKS ne doit être utilisé que sur certaines routes, et dans certaines conditions, notamment sous le seuil des 60 km/h.
On est donc très loin d’une voiture qui emmènerait d’un point A à un point B des passagers, sans que ces derniers aient à lever le petit doigt. Si l’on se penche sur les cinq niveaux d’autonomie existants, les ALKS pourraient en réalité s’apparenter à des dispositifs de niveau 3 : la voiture gère seule l’accélération, le freinage et le volant mais sur certaines routes uniquement. Le conducteur n’aurait pas l’obligation de surveiller la route en permanence. Il faudrait toutefois qu’il puisse intervenir promptement en cas de problème.
Les inquiétudes des assurances
Un tel niveau d’autonomie inquiète cependant déjà beaucoup les assureurs britanniques. L’organisme Thatcham Research qui mène des tests de sécurité pour les assureurs automobiles a ainsi déclaré : « En suggérant que les ALKS automatisent la conduite, le gouvernement risque d’alimenter la confusion qui règne, et qui amène des personnes à utiliser de manière incorrecte ces systèmes, avec toutes les conséquences fatales que cela peut avoir (…) Les utilisateurs vont penser que ces voitures peuvent conduire seules, or elles n’en sont pas capables pour l’heure. »
Les assureurs britanniques avaient déjà fait part de leurs inquiétudes en octobre 2020, précisant qu’ils soutenaient le développement des voitures autonomes, et pensaient qu’elles permettraient à terme de réduire le nombre d’accidents, mais que la technologie n’était, selon eux, pas encore mature.
Les utilisateurs penseront que ces voitures conduisent seules, or elles n’en sont pas capables pour l’heure.
Certaines de leurs recherches concluaient en 2020, précise The Guardian, qu’en cas de risque de collision à grande vitesse, il fallait que le conducteur soit capable de reprendre le contrôle en trois secondes, or le délai observé était bien plus élevé (15 secondes). L’organisme Thatcham estimait également que les voitures équipées des actuels ALKS ne seraient pas capables de détecter le signal rouge qui indique, sur les autoroutes intelligentes britanniques, qu’une voie est fermée.
En France, lâcher le volant n’est pas autorisé
La France n’autorise pas pour l’heure les conducteurs à lâcher le volant, même momentanément. L’artice R4 12-6 du Code de la route stipule ainsi ; « Tout véhicule en mouvement ou tout ensemble de véhicules en mouvement doit avoir un conducteur (…). Tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d’exécuter commodément et sans délai toutes les manoeuvres qui lui incombent. Ses possibilités de mouvement et son champ de vision ne doivent pas être réduits par le nombre ou la position des passagers, par les objets transportés ou par l’apposition d’objets non transparents sur les vitres. »
Nul doute, donc, que la manière dont le gouvernement britannique décidera d’encadrer ces technologies sera particulièrement scrutée. L’instance responsable du Code la route au Royaume-Uni étudie dès à présent les règles à ajouter à la réglementation pour encadrer ces nouveaux usages. Reste à voir si Londres parviendra à tenir son ambitieux planning. Ce ne serait (vraiment) pas la première fois que des projets concernant les voitures autonomes connaissent un retard important. Elon Musk nous promet par exemple, l’arrivée imminente de la conduite 100% autonome, quasiment chaque année… depuis 2015.
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