Commande de trains à hydrogène, rames de plus en plus connectées, préparation en vue des lignes complètement automatisées, développement de solutions qui explorent diverses alternatives au tout diesel (hybride, batterie, biocarburant)… La SNCF a mis plusieurs fers au feu pour préparer l’avenir du ferroviaire. Et il s’avère que le TGV doit, lui aussi, participer à cette grande bascule.
Pour cela, un programme a été mis sur les rails : le « TGV M », où la lettre M désigne la modularité qui doit figurer dans les prochains trains à grande vitesse. Il vient de connaître un gros coup de projecteur le 17 septembre, avec un message d’Emmanuel Macron publié sur Twitter : « Bienvenue au TGV du futur : le « TGV M » ! Déployé en France à partir de 2023, il sera plus accessible, plus connecté et plus écologique. »
À quand remonte le projet du TGV M ?
L’existence du programme TGV M remonte en fait à plusieurs années. On ne lance pas un tel chantier industriel, qui engage des dépenses considérables pour la SNCF, sans mener des travaux préparatoires pour étudier la faisabilité et choisir les orientations avec ce nouveau mode de transport. Ainsi, si Emmanuel Macron a tweeté en septembre 2021 sur le TGV M, le projet remonte à avant 2018.
C’est à cette époque que le conseil d’administration de la branche SNCF Mobilités a validé une commande ferme de 100 trains grande vitesse à Alstom, spécialiste français spécialisé dans le matériel ferroviaire. La commande a été annoncée en juillet 2018. À l’époque, la SNCF a indiqué que les études avec Alstom pour ce nouveau matériel remontaient à 2016, dans le cadre d’un partenariat.
Pour la SNCF, c’est un investissement de près de 3 milliards d’euros qui se dessine — montant que donnait en juillet 2018 le président de la société nationale des chemins de fer d’alors, Guillaume Pepy. Dans son communiqué, Alstom avançait pour sa part un montant de 2,7 milliards d’euros. Le montant pourrait être amené à augmenter, si des rames de TGV M supplémentaires sont commandées.
L’intéressé soulignait que « cette commande exceptionnelle dessine le paysage ferroviaire français des 30 prochaines années ». Et d’ajouter que « cette commande de 100 TGV du futur représente pour la SNCF un formidable pas en avant pour renforcer la compétitivité de TGV au moment où la concurrence se développe tout en offrant une expérience entièrement renouvelée du voyage à grande vitesse. »
Quelles sont les caractéristiques du TGV M ?
Le TGV M est décrit par la SNCF comme la quatrième génération de TGV. Il ne roulera pas plus vite en exploitation commerciale — si le TGV détient le record du monde de vitesse sur rail avec une vitesse de 574,8 km, obtenu dans des conditions particulières, celui-ci circule au maximum à 320 km/h sur le réseau. Ses atouts se situent ailleurs, dans sa conception, sa capacité d’accueil et ses performances.
Le TGV M transportera ainsi beaucoup plus de personnes que les rames duplex, qui sont des voitures à deux niveaux conçues déjà pour absorber l’augmentation du trafic voyageur. Le TGV Duplex embarque environ 600 passagers. Le TGV M est en hausse de 20 %, avec 740 places. « Grâce à sa surface utile maximisée, le coût à la place devient le plus compétitif sur le marché européen de la grande vitesse », dit la SNCF.
L’organisation des voitures est aussi chamboulée : c’est d’ailleurs tout le sens du « M » : les trains peuvent accueillir sept, huit ou neuf voitures, selon la fréquentation du moment, de basculer un espace première classe en deuxième classe (et inversement) en moins d’une journée ou bien de modifier l’agencement intérieur en diminuant ou augmentant les sièges, les espaces pour les vélos ou pour les bagages.
La SNCF et Alstom pointent aussi les progrès écologiques obtenus par ces TGV de nouvelle génération : « Grâce à son aérodynamisme et à une chaine de traction plus performante, la nouvelle génération de TGV consommera 20 % d’énergie en moins par rapport à une rame TGV existante », dit l’industriel français. Elles ont aussi un bilan carbone en baisse, de 32 à 37 % (les estimations données par la SNCF varient).
Cette chute de la consommation est due à plusieurs facteurs : le nez du TGV est encore plus aérodynamique, pour faciliter l’écoulement de l’air, mais aussi le renvoi d’énergie vers la caténaire (les câbles porteurs sous lesquels circulent les TGV, qui y sont reliés par les pantographes, ces sortes de bras articulés pour capter le courant) lors du freinage ainsi que la conduite économe.
Enfin, le géant du ferroviaire souligne que « le matériel est recyclable à 97 % » et note que le choix de matériaux est « plus respectueux de l’environnement ». Elle y voit aussi des gains sur le plan économique : si l’investissement est important, la SNCF fait remarquer d’une part que le coût d’acquisition descend de 20 % à celui des rames classiques et d’autre part que le coût de maintenance sera moindre de plus de 30 %.
Quand doit arriver le TGV M en France ?
Selon les plans de la SNCF, le TGV M doit circuler sur les lignes françaises en 2024. C’est ce que disait par exemple Alain Krakovitch, le directeur général de Voyages SNCF, en mai 2021 et qu’il répétait encore le 17 septembre 2021 sur Twitter, au moment de la présentation par Emmanuel Macron du nez de motrice. Mais le chef de l’État évoque un calendrier plus ambitieux, en suggérant une arrivée dès 2023.
2023 et 2024 sont des années où la France fera l’objet d’une forte attention médiatique, du fait de la tenue de la Coupe du monde de rugby et, un an plus tard, des Jeux olympiques et paralympiques d’été. Pour le gouvernement, ces deux évènements peuvent être l’occasion d’être une vitrine du savoir-faire français — et d’en profiter pour remettre à niveau les transports, à l’image du chantier du Grand Paris Express.
Dans tous les cas de figure, cela ne changera pas fondamentalement le calendrier à long terme de la SNCF. Qu’ils arrivent en 2023 et 2024, il faudra de toute façon dix ans pour déployer ces 100 rames sur le réseau ferroviaire. Ces délais sont habituels et doivent tenir compte des limites des chaînes de production. Certains TGV d’une précédente génération sont encore en attente de livraison, alors qu’elle a débuté en 2011.
Le TGV M doit circuler partout sur le territoire, sauf sur la façade atlantique, précise la SNCF. La raison ? Les lignes concernées ont droit aux rames Océane, arrivées depuis fin 2016 et qui sont de troisième génération. Selon BFM TV, c’est d’abord sur les liaisons desservant le sud-est de la France que l’on verra le TGV de quatrième génération.
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