Un million de bornes de recharge de voitures électriques installées en France d’ici la fin d’année. Voilà le chiffre qu’évoquait le 3 novembre, sur Twitter, le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Même si la France compte parmi les pays européens ayant le plus développé leur infrastructure de recharge électrique, le chiffre d’un million de bornes a de quoi interpeller. Surtout que les communicants et les politiques parlent souvent à tort de « bornes » de recharge.
Une borne peut en effet alimenter plusieurs points de recharge. Et un point de charge correspond, lui, à une place de stationnement où l’on peut recharger son véhicule. Alors qu’est-ce qui est pris en compte exactement par le gouvernement lorsqu’il annonce ce chiffre ? Et cet objectif est-il réaliste ?
100 000 ou un million de bornes ?
On a cru un instant que le ministre délégué aux transports s’était emmêlé les pinceaux sur le nombre de zéros dans la comptabilisation des bornes, il n’en est rien. Mais plusieurs catégories peuvent être évaluées sur ce sujet et il est important de bien cerner de laquelle on parle. L’objectif de 100 000 bornes d’ici fin 2021 correspond ainsi aux points de recharge ouverts au public.
À l’inverse, lorsque Jean-Baptiste Djebbari évoque un million de bornes d’ici la fin d’année, le chiffre correspond cette fois à l’ensemble des installations de recharges publiques comme privées (en entreprise ou chez les particuliers). En juillet dernier, le ministère de la transition écologique indiquait recenser plus de 600 000 points de charge de ce type sur le territoire.
« Au total, en comptant les bornes privées (chez les particuliers, dans les copropriétés, sur les parkings d’entreprises…), on atteint plus de 612 000 points de recharge répartis sur l’ensemble du territoire. Ce maillage fait de la France l’un des pays les mieux équipés d’Europe : plus de 20% des bornes installées en Europe se situent en France », détaillait le ministère, l’été dernier. A noter que les prises domestiques et prises renforcées, largement utilisées par les possesseurs de véhicules électrifiés, ne sont pas prises en compte dans le calcul (on ne parle ici que de bornes respectant le décret IRVE).
L’objectif 100 000 bornes à fin 2021 est-il atteignable ?
Une charte, baptisée « Objectif 100 000 bornes » et signée en 2020, vise à accélérer le déploiement des infrastructures de recharge des véhicules électriques. Les groupes E.Leclerc, LIDL, Système U, Green Yellow, la métropole du Grand Paris, la FNCCR, ainsi que Total, Izivia, Engie et Enedis se sont engagés à participer à l’objectif de déploiement de 100 000 points de charge ouverts au public, en France, pour la fin de l’année 2021.
Pour faciliter le mouvement, les entreprises et les collectivités peuvent profiter d’aides financières du programme Advenir, allant de 2 000 à 9 000 € selon la puissance de la borne. Un développement largement subventionné, grâce à une enveloppe de près de 100 millions d’euros.
Selon les annonces du Ministère de la transition écologique, 43 700 points de charge étaient ouverts au public en juillet 2021, avec une augmentation de plus de 33 % sur les six derniers mois. Un chiffre qui diffère sensiblement de ceux communiqués par l’Avere France (association nationale pour le développement de la mobilité électrique) en lien avec le Gireve (plate-forme d’interopérabilité pour la mobilité électrique), qui eux parlaient plutôt de 40 000 points de charges disponibles au mois de septembre. Dans tous les cas, malgré une nette accélération des programmes de déploiement de bornes de recharge accessibles au public (notamment sur l’autoroute), il semble difficile d’atteindre le cap symbolique des 100 000 bornes d’ici la fin de l’année.
En parallèle de l’installation, le bon entretien de ces bornes sera également un enjeu important. Et sur ce point, des progrès restent à faire visiblement. Une étude de février 2021 de l’observatoire de l’Association française pour l’itinérance de la recharge électrique des véhicules (Afirev) indiquait ainsi que 85 % des usagers s’étaient déjà retrouvés face à une borne en panne, au cours des 6 derniers mois. Une situation qui ne peut perdurer avec le développement du véhicule électrique imposé par les gouvernements.
1 million de bornes pour la fin de l’année, est-ce réaliste ?
Si l’on regarde de près le baromètre Gireve-Avere de mai 2021, on observe que 93 % des bornes installées le sont dans les entreprises (52 %) et chez les particuliers (41%). Les bornes de recharge accessibles au public ne représentent, elles que 7 % du total (ce qui est insuffisant pour la transition automobile visée).
Le déploiement de l’ensemble des points de charge semble prendre un bel essor (+ 15 % entre le premier et second trimestre 2021). Il faut souligner qu’il repose tout de même surtout sur la motivation d’acteurs privés — alimentée par les subventions encore disponibles pour aider à la transition. Cependant, si cette croissance perdure à ce rythme (ce qui est une projection optimiste), il est possible que l’objectif de 1 000 000 de bornes soit atteint.
On a tendance à considérer que la France est en retard sur le développement de l’infrastructure de recharge, mais quand on jette un coup d’œil aux pays membres de l’Union Européenne, on se rend compte qu’elle est sur le podium, juste derrière les Pays-Bas et plus ou moins à égalité avec l’Allemagne en ce qui concerne la recharge publique.
Cette perception d’une infrastructure inadaptée perdure à cause du mauvais entretien du réseau de bornes par les différents opérateurs d’une part, et de la forte disparité des équipements en fonction des départements et des régions d’autre part. Si vous voulez pousser plus loin le sujet, vous pouvez consulter les cartes de l’Union Française de l’Électricité, pour suivre l’évolution du déploiement des bornes de recharge par région et par département, mais aussi autoroute par autoroute.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !