Hyundai est un des seuls constructeurs automobiles à miser simultanément sur les véhicules hydrogènes et les voitures électriques pour décarboner ses gammes. Mais l’hydrogène reste une technologie très onéreuse et complexe à mettre en oeuvre dans ce domaine.

Être un des seuls à parier sur une technologie peut être bon ou mauvais signe. Soit on a décelé un potentiel que les concurrents n’ont pas encore vu. Soit on mise sur le mauvais cheval. Dans le cas de Hyundai, le curseur penche peut-être un peu vers cette seconde option. Alors que l’écrasante majorité des constructeurs automobiles prévoient de basculer vers les véhicules électriques à plus ou moins long terme, Hyundai est un des seuls groupes — avec Toyota — à faire aussi le pari de l’hydrogène.

Le constructeur semble cependant avoir du mal à concrétiser son projet. Comme le révèle le média Chosun, Hyundai a mis sur pause le développement d’une voiture à hydrogène sous sa marque Genesis, sans préciser à quelle date ce chantier pourrait être relancé.

Hyundai Nexo // Source : Hyundai
Hyundai Nexo // Source : Hyundai

Il y a quelques semaines encore, Hyundai affichait pourtant de grandes ambitions dans ce domaine. Le Sud-Coréen qui a déjà lancé un SUV et de premiers poids lourds alimentés à l’hydrogène promettait alors que, dès 2030, il serait en mesure de proposer des voitures à pile à combustible à des prix similaires à ceux des véhicules électriques. « Le but est de rendre l’hydrogène prêt partout, pour tout le monde et pour tous les usages », assurait Euisun Chung, le président du groupe. Dès 2023, affirmait le groupe, la 3e génération de piles à combustible de Hyundai offrirait d’importants gains de puissance et de compacité. Et surtout, assurait le constructeur, cette génération de pile serait deux fois moins chère que la précédente d’ici 2025.

Une autonomie de 1 000 km avec l’hydrogène

Le pari de Hyundai ne sort pas de nulle part. L’hydrogène a des spécificités qui peuvent le rendre intéressant, à l’heure où l’on doit réduire à zéro les émissions carbone pour lutter contre le réchauffement climatique. En effet, son utilisation n’émet pas de gaz à effet de serre et il est possible de le fabriquer en utilisant des énergies renouvelables (même si à l’heure actuelle, l’hydrogène est très majoritairement fabriqué via un procédé de vaporeformage du gaz naturel qui en émet, lui, beaucoup). Il est par ailleurs possible de recharger un véhicule à hydrogène plus rapidement qu’une voiture électrique. Et son autonomie est plus confortable : la Mirai de Toyota s’est, par exemple, fait remarquer en roulant plus de 1000 km avec un seul plein.

Pour ces raisons, l’hydrogène présente un potentiel intéressant pour des transports de type poids lourds, avions ou bateaux : ils peuvent, sans trop de difficultés, en embarquer de grands volumes. Sur le marché des véhicules de particuliers, le potentiel de l’hydrogène est toutefois bien plus incertain. Hyundai se heurte d’ailleurs à de nombreux défis techniques dans ce domaine.

Coût et bornes de recharge : deux points faibles des voitures à hydrogène

Un audit interne a ainsi révélé que le groupe était pour l’heure loin des objectifs qu’il se fixait, note Electrek Le coût des voitures à hydrogène, notamment, ne baisse pas au rythme espéré. La production et les ventes seraient également moins bonnes que prévu. En Corée du Sud, ce type de voiture ne représente d’ailleurs même pas 0,1% des ventes totales. Le développement des infrastructures nécessaires pour recharger ces véhicules est également plus lent que prévu. Dernier problème : les prix de l’hydrogène sont plus élevés que ceux sur lesquels Hyundai tablait.

L’article du média coréen Chosun précise que le Sud-Coréen a pour le moment suspendu le développement de sa 3e génération de pile à combustible qui devait équiper les voitures à hydrogène de marque Genesis. Une décision liée aux « problèmes techniques rencontrés » et au cout élevé de ces équipements. Hyundai a réorganisé le département qui s’occupe de ce projet le mois dernier. Reste à voir si ces changements suffiront à redresser la barre dans le département hydrogène du groupe. Hyundai qui se développe aussi dans l’électrique (son Ioniq 5 nous a conquis) a sans doute bien fait de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier.

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