Dans son approche, la marque Lightyear souhaite éliminer les deux plus grandes préoccupations des voitures électriques actuelles : la recharge et l’autonomie. En combinant des cellules solaires à une bonne efficience de son modèle, présenté le 9 juin 2022, Lightyear annonce jusqu’à 11 000 km parcourus rien qu’avec de l’énergie solaire.
Le premier modèle solaire de Lightyear, nommé Lightyear 0, est disponible à la commande. C’est un modèle haut de gamme, qui doit ouvrir la voie d’ici à 2024-2025 à un modèle plus abordable, qui s’appellera Lightyear Two. Si vous vous demandez pourquoi on passe de 0 à 2, c’est parce que Lightyear One a déjà été pris par le premier prototype de la marque.
Que faut-il retenir de la présentation de la Lightyear 0 ?
La Lightyear 0 est un modèle 5 portes assez grand, de plus de 5 mètres de long. Malgré des dimensions généreuses, son poids sur la balance est contenu avec seulement 1 575 kg. Il faut dire que le modèle est composé d’éléments en fibre de carbone recyclé, qui lui permettent d’alléger sa structure, mais pas son prix. Ce poids, combiné à un aérodynamisme travaillé, donne un modèle particulièrement efficient.
Lightyear 0 intègre 4 moteurs situés au niveau des roues et offrant une puissance maximale de 130 kW. Même si la voiture peut atteindre les 160 km/h, le modèle n’a pas vocation à être une sportive. À l’image de son 0 à 100 km/h en 10 secondes, ce résultat la place derrière une Fiat 500 electric ou une Renault Zoé en accélération pure.
La voiture intègre une batterie électrique de 60 kWh. Mais, ce sont les 5 m² de cellules solaires qui font la spécificité de ce modèle.
Voiture solaire ou électrique à prolongateur d’autonomie solaire ?
La Lightyear 0 est présentée comme « la première voiture solaire au monde », mais cette appellation semble être un abus de langage. Car si la Lightyear 0 peut rouler grâce à l’énergie solaire, son autonomie dépend aussi de sa batterie électrique de 60 kWh.
Dans les meilleures conditions, à savoir dans un pays à fort ensoleillement, la voiture peut rouler jusqu’à 70 km par jour grâce à l’énergie solaire. Les cellules solaires installées sur le véhicule peuvent récupérer jusqu’à 10 km d’autonomie par heure d’ensoleillement. Cela pourrait permettre à certains utilisateurs de rouler uniquement grâce au soleil, si l’on se base sur des déplacements quotidiens dans la moyenne de 35 km par jour.
Dans ses calculs, la marque explique qu’un conducteur vivant aux Pays-Bas pourrait passer 2 mois de ses déplacements quotidiens, en été, sans avoir à charger le véhicule sur une prise domestique ou une borne de recharge. Pour un conducteur vivant au Portugal, cela pourrait représenter jusqu’à 7 mois sans recharge. La marque indique que le véhicule pourrait alors réaliser jusqu’à 11 000 km sur l’année grâce à l’apport solaire.
L’autonomie de la batterie électrique de la Lightyear 0 est de 625 km WLTP, et de 560 km sur autoroute à 110 km/h. Ce résultat est déjà une belle performance d’efficience, car cela représente une consommation moyenne de 10.5 kWh/km, qui n’est pas sans nous rappeler les bons résultats du concept Mercedes EQXX.
L’énergie générée par le solaire est la cerise sur le gâteau d’un modèle efficient, pensé pour lever les craintes de la panne. Mais Lightyear n’est pas le premier modèle à vouloir tirer parti du Soleil pour augmenter l’autonomie de ses véhicules. La Toyota Prius rechargeable ou la prochaine Fisker Ocean, ainsi que d’autres constructeurs, ont aussi intégré des panneaux solaires sur les toits de leurs modèles électrifiés pour en augmenter l’autonomie. Il n’est dans ces cas-là pas question de véhicules solaires.
La démarche de Lightyear, de vouloir lever certains freins liés à l’infrastructure de recharge, est louable. Encore faut-il que le modèle puisse vraiment exploiter l’ensoleillement à son maximum : impossible de garer sa voiture dans un garage dans ces conditions. On n’est pas certain que les possesseurs d’un véhicule commercialisé 250 000 € soient prêts à laisser leur véhicule dans la rue en Europe. Le contexte est certainement un peu différent dans d’autres régions comme en Californie ou en Australie, où cette approche prend tout son sens.
Enfin, le débat sur l’appellation de « voiture solaire » reste entier. Un propriétaire de véhicule électrique qui recharge grâce à des panneaux solaires, installés sur le toit de son domicile, pourrait aussi dire qu’il dispose d’un véhicule fonctionnant au solaire. La seule différence, c’est que la Lightyear 0 n’a pas à se brancher pour profiter de cette source d’énergie. Est-ce suffisant ?
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