Alors que les ayants droit conspuent le piratage, de plus en plus d’éléments incitent à penser que le téléchargement illicite n’est nécessairement la cause des troubles qui secouent l’industrie culturelle. Au contraire, le peer-to-peer semble même être étranger à ces aléas. Et malgré ce phénomène, Hollywood continue de collecter les milliards de dollars du box office.

Nous aurions tout aussi bien pu écrire « Hollywood pulvérise le box office… et accuse toujours le P2P » en titre, comme un clin d’oeil à une précédente actualité sur le même sujet. Mais si les accroches seront différentes, l’histoire semble être une fois encore la même : malgré les complaintes des ayants droit, l’industrie culturelle semble se porter mieux que jamais. Alors que la MPAA accuse le piratage de tuer l’industrie cinématographique, entrainant des pertes colossales à ce secteur, les principaux studios hollywoodiens ont dans le même temps réalisé plus de films cette année, générant ainsi toujours plus de revenus.

Cela en deviendrait presque une habitude, mais les déclarations de la MPAA, l’association interprofessionnelle défendant les intérêts de l’industrie cinématographique américaine, sont une nouvelle fois battues en brèche. Le piratage, fossoyeur du cinéma ? Pas si sûr. En effet, selon ABC News, qui cite notamment Paul Dergarabedian, le président de l’Hollywood.com Box Office, le box-office nord-américain va dépasser pour la première fois de son histoire la barre des 10 milliards de dollars de revenus.

Quel contraste avec les inquiétudes régulières que manifestent les ayants droit. Alors que de nombreux sites BitTorrent ont vu leur audience augmenter tout au long de l’année, comme l’a rappelé Torrentfreak, les usagers n’ont visiblement pas déserté les salles obscures. Dès lors, peut-on penser que les internautes téléchargeant directement les dernières productions hollywoodiennes sont les premiers consommateurs de contenus culturels ? Ce ne sont pas les études qui manquent : nous avions déjà évoqué ce phénomène à plusieurs reprises, en 2007, en 2008 et à nouveau cette année, en juillet et novembre derniers.

D’ailleurs, depuis six ans, le nombre de films produits n’a jamais cessé de croitre, passant de 567 en 2004 à 1 177 en 2009. Et à chaque fois, les revenus annuels ont flirté avec la barre des 10 milliards de dollars. Dès lors, les internautes ont du mal à comprendre que le téléchargement est un acte nocif à l’industrie culturelle. Surtout que cette année, entre la récession économique et le phénomène du piratage, cela n’a absolument pas entamé les revenus d’Hollywood. Mieux encore, l’industrie cinématographique aura même pulvérisé son précédent record de 2008, de plus d’un milliard de dollars.

Hollywood semble vraiment loin de la banqueroute. Le nombre de films a continuellement augmenté, pour doubler en l’espace de six ans, tandis que le box-office a enregistré des sommes colossales d’année en annéeÉvidemment, cela ne veut pour autant pas dire que le secteur cinématographique ne souffre pas de certains problèmes. Cependant, le renforcement législatif contre le téléchargement illégal ne semble pas être la meilleure voie.

Plusieurs actualités ont montré que les technologies de partage avaient un potentiel phénoménal pour les créateurs, leur offrant une audience véritablement globale pour un coût quasi-nul. Sans aller jusqu’à affirmer que le peer-to-peer est une source de revenus pour les ayants droit, sans doute ces derniers seraient-ils inspirés de prendre en compte cette énorme demande pour le divertissement en ligne. Ce serait une approche plus intelligente et plus pragmatique face à un comportement définitivement ancré dans les habitudes culturelles des internautes.

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