Les poursuites judiciaires et les sanctions trop sévères contre les utilisateurs des réseaux peer-to-peer seraient-elles contre-productives ? C’est ce que croit le directeur général de l’OMPI, l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, une institution spécialisée des Nations-Unies. Pour Francis Gurry, s’il faut continuer la lutte contre le piratage et les infractions au droit d’auteur, certaines approches doivent être rapidement reconsidérées.
Alors en déplacement en Inde, il a expliqué que des fortes amendes assorties parfois d’une peine de prison ne sont pas forcément les réponses les plus adéquates pour enrayer le piratage. « Je ne crois pas que nous allons remporter cette victoire en mettant des jeunes en prison » a indiqué Francis Gurry, citant en particulier le cas de cet étudiant américain condamné à verser 675 000 dollars pour avoir partagé trente titres sur Kazaa.
« Je pense que cela ne va pas nous aider à gagner la sympathie du public » a-t-il poursuivi, ajoutant par la suite qu' »une partie de la bataille est de sensibiliser le public sur le réel problème que constitue le piratage aujourd’hui. Ce n’est pas un simple crime sans victimes…« .
Faut-il donc s’attendre à une nouvelle approche de la part de l’OMPI, en s’orientant par exemple sur la prévention et l’éducation ? Cela reste tout à fait envisageable, à ceci près que ces pistes ne sont absolument pas efficaces et particulièrement contestables dans certaines situations. La RIAA, qui a principalement développé sa stratégie autour des poursuites judiciaires, a également exploré la voie éducative pour essayer de convaincre les gens que l’échange de fichiers engendre de graves dommages au secteur du divertissement. Sans succès.
Parmi les nombreuses raisons expliquant les défaites successives de l’industrie du divertissement face au peer-to-peer, il y a en particulier la justification économique. Lorsqu’une technologie peut dupliquer à l’identique et à l’infini un élément, ce n’est pas un problème de moralité ou de justice. C’est un problème de modèle économique. La révolution numérique permet de transformer des « biens rivaux » en « biens non rivaux ». Et puisque le contenu culturel en question n’est plus rare, il devient alors plus difficile de lui appliquer une valeur marchande et de la justifier.
Ce n’est pas une quelconque éducation ou prévention qui va sauver l’industrie culturelle. Ce sont de nouveaux modèles économiques plus en phase avec la réalité qui s’en chargeront.
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