Si vous suivez l’actualité du piratage en France, vous avez sans doute remarqué que certains artistes s’engagent régulièrement dans des campagnes médiatiques en faveur du téléchargement légal. L’un des plus assidus dans ce domaine est sans aucun doute Calogero, puisqu’on pouvait retrouver le chanteur dès 2005 dans une campagne d’affichage – « Téléchargez-moi légalement » – lancée par le SNEP (Syndicat National de l’Edition Phonographique).
Plus récemment, c’est à l’occasion des débats sur la loi Hadopi que Calogero s’est à nouveau manifesté, en signant un appel contre le téléchargement illégal des œuvres protégées par le droit d’auteur, aux côtés de 51 autres chanteurs et chanteuses. Publié dans le Journal du Dimanche, ce texte soutenait très clairement le projet de loi – qui a subi l’humiliation de la censure constitutionnelle – Création et Internet.
« Nous sommes inquiets, très inquiets. La France a créé les droits d’auteur » avaient écrit les 52 artistes. « Le projet de loi, proposé par la ministre de la Culture, issu de la mission menée à l’automne dernier par Denis Olivennes, nous donne de très bonnes cartes pour qu’internet, la culture et la création soient réconciliés. Nous le soutenons » avaient-ils assuré. Hélas, on ne peut s’empêcher de penser que les maisons de disques ont joué un rôle décisif pour les « persuader » de signer ce papier… cela ne va-t-il pas dans leur intérêt ?
Mais si la France est peut-être à l’origine des droits d’auteur, encore faut-il que leurs plus ardents défenseurs soient les premiers à les respecter. Or, l’AFP nous informe que Calogero a été condamné par le Tribunal de Grande Instance de Paris pour… contrefaçon de droits d’auteurs. En effet, la justice a noté que le chanteur avait reproduit sans autorisation une partie d’une œuvre musicale dans un de ses morceaux, « Un Jour Parfait ».
L’œuvre violée, « le feu de Willial », a été composée par Serge Didier et Arnaud Pierrat. Ces derniers ont estimé que le tube de Calogero « présentait sur le plan musical d’importantes similitudes » avec leur titre. Titre qui avait été pourtant déposé à la SACEM un an auparavant, nous apprend l’AFP. Calogero devra donc verser 40 000 euros aux plaignants, en guise de réparation pour la violation de leurs droits patrimoniaux. De plus, il devra verser 5 000 euros pour réparer cette fois la violation des droits moraux de Serge Didier et Arnaud Pierrat.
Notons que la condamnation – et le dédommagement – touche également la société Klaxon Impek International Music Publishing (éditrice de la chanson), la société Rapas (productrice) et Universal Music France (distributrice). Si on est tous sous la menace d’un faux pas, on s’attend cependant à ce qu’un artiste de renom qui prend vigoureusement position contre le piratage des œuvres culturelles ( et donc, pour une défense scrupuleuse des droits d’auteur) soit totalement irréprochable.
On ne peut s’empêcher de penser au retour de bâton qu’a reçu Lily Allen, il y a quelques mois, lorsqu’elle s’engageait elle aussi contre le téléchargement illégal. Quand on se fait le messager d’un tel discours anti-pirate, mieux vaut être sans la moindre aspérité : car les internautes n’hésitent pas à fouiller dans le passé d’un artiste pour s’assurer de sa sincérité. Or, Lily Allen s’était prise magistralement les pieds dans le tapis : elle a reproduit un texte sans autorisation et sans citer la source, puis lorsque les internautes ont été découverts qu’elle avait elle-même distribué il y a cinq ans des mixtapes pirates sur son site, elle a pris une volée de bois vert. Au point de mettre sa carrière entre parenthèses pour un temps.
Et pour le coup, on ne peut s’empêcher de citer quelques lignes d’une des chansons les plus célèbres de Calogero, Face à la mer, un duo avec Passi :
« Face contre terre
Ton nom sur la liste
de tout ton être
Cité à comparaître »
(illustration : CC BY-NC-SA Marie Astier)
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