Ce sont des chiffres pour le moins impressionnants. En moins de deux ans, la célèbre Recording Industry Association of America (RIAA), un organisme américain chargé de défendre les intérêts de l’industrie musicale, a envoyé plus de 1,8 million d’avertissements aux internautes américains, dont 269 609 directement destinés aux utilisateurs se cachant derrière les réseaux informatiques de leur établissement scolaire.
Avec un tel rythme de croisière (près d’un million de messages par an), nous pourrions alors croire que la RIAA est parvenu à faire baisser le piratage de façon substantielle. Or, Torrentfreak a relevé que cette riposte massive des ayants droit n’a eu aucun effet concret et définitif sur l’activité des réseaux peer-to-peer. Ni dans le temps, ni en terme de volume, ni même au niveau du nombre des utilisateurs.
Comment se fait-il que l’action de la RIAA, pourtant l’une des premières organisations à avoir engagé le combat contre le téléchargement illicite, n’a eu aucune incidence sur le peer-to-peer ? Peut-être parce que l’association elle-même n’a pas vraiment cru au succès de l’opération. Il faut dire que la RIAA n’avait pas mis toutes les chances de son côté.
En effet, la Recording Industry Association of America avait elle-même sabordé son arsenal en décidant fin 2008 de ne plus poursuivre les internautes en justice. Or, sans ce couperet placé au-dessus de la tête des internautes américains, difficile d’avoir un effet réellement dissuasif. D’autant que dans les faits, l’association américaine avait déjà levé le pied depuis un moment. Sans parler du coup de frein de la justice américaine, pas vraiment disposée à faire des procès de masse.
Cela ne veut pour autant pas dire que la RIAA a abandonné le combat. À la place, l’organisme tente une nouvelle approche, plus française : en effet, l’association américaine a beaucoup apprécié le principe de la riposte graduée et cherche désormais à persuader les fournisseurs d’accès à Internet de mettre en place un dispositif dont la finalité est – en cas d’infraction constatée et répétée – de couper la connexion Internet d’un abonné.
Comme nous l’écrivions en mai dernier, cette stratégie de la riposte graduée a le mérite de ne plus braquer l’opinion publique sur des personnes auxquelles il est facile de s’identifier. En effet, quelques affaires retentissantes ont eu un impact très négatif sur l’image de la RIAA et sur celle des maisons de disques : citons par exemple le cas de la famille d’un internaute décédé, d’une grand mère accusée de télécharger du rap, d’une jeune fille de 13 ans, mais aussi une mère célibataire et d’un jeune homme condamné à payer 675 000 dollars parce qu’il avait partagé 30 chansons.
En France, la Haute Autorité doit normalement se mettre en mouvement en septembre prochain, sauf énième report. Les ayants droit espèrent pouvoir établir une surveillance continue de 10 000 titres et atteindre le seuil de 50 000 adresses IP collectées par jour. Un travail qui risque de se transformer en véritable gouffre financier.
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