Lorsque le projet de loi Hadopi a été mis sur la table, le texte a tout de suite été présenté comme la solution miracle pour protéger la création et les artistes. Le gouvernement, à travers la voix de l’ex-ministre de la culture Christine Albanel, promettait alors que les aspects répressifs de la loi « Création et Internet » allaient avoir un effet pédagogique sur les internautes suspectés de télécharger illégalement des contenus protégés par le droit d’auteur. Les Français n’étaient-ils pas d’ailleurs considérés comme les champions du monde du piratage ?
Or, si la menace d’une amende ou d’une suspension d’accès Internet aura sans doute raison de plusieurs internautes, il sera tôt ou tard nécessaire de se pencher véritablement sur les solutions qui permettront peut-être de réfréner cette tendance de fond. Car si le piratage ne pourra vraisemblablement pas être stoppé, de nombreux acteurs ont l’occasion de tirer leur épingle du jeu en proposant des alternatives crédibles aux pirates. Avec, en premier lieu, une vraie révision de la Vidéo à la Demande (VOD) en France.
Aux États-Unis, une plate-forme de vidéo en streaming comme Hulu connait un succès grandissant. Le service propose de nombreuses émissions et séries en direct ou quelques heures après leur diffusion. Une situation bien pratique pour nos voisins d’outre-Atlantique, tandis que le reste du monde doit bien souvent attendre des semaines, des mois ou des années avant d’espérer voir l’arrivée d’une nouvelle série.
EZTV, un site de distribution spécialisé dans les programmes TV diffusés via BitTorrent, a vu le nombre de ses visiteurs presque doubler en un an, note Torrentfreak. Ainsi, le service qui avait enregistré 9,2 millions de visiteurs en septembre 2008 a passé le cap des 15 millions un an plus tard. Et ce ne sont pas les tentatives de géolocalisation qui bloquent les pirates. Hulu n’est réservé qu’au marché nord-américain ? Qu’à cela ne tienne, il suffira de se rendre sur Mininova, The Pirate Bay, IsoHunt ou n’importe quel autre site web du même acabit.
D’ailleurs, c’est justement dans les pays n’ayant pas encore eu l’occasion de voir les tous derniers épisodes d’une série (que ce soit à la TV ou sur une plate-forme de vidéos en streaming) que provient la majorité des téléchargements illégaux. Avec l’instauration de la géolocalisation, l’internaute n’avait guère plus que deux choix : attendre… ou utiliser BitTorrent. Aussi, la solution pour réfréner cette tendance reste à mettre en place une meilleure offre de VOD.
Car oui, il existe des solutions pour lutter contre cette tendance. Les sociétés responsables de la diffusion des séries dans un pays donné devraient mettre tout en œuvre pour réduire les délais entre la diffusion aux USA et dans le reste du monde. Certes, le rythme sera sans aucun doute soutenu. Mais s’ils parviennent à coller au rythme américain, l’intérêt pour le téléchargement illégal de séries TV diminuera substantiellement. Il ne disparaitra certes pas, d’autant qu’il participe malgré tout au succès international d’une série, mais au moins les passionnés allumeront à nouveau leur télévision pour suivre les aventures de leurs héros.
Mais pour cela, encore faut-il être plus téméraire, en particulier sur la chronologie des médias . Et proposer du contenu de grande qualité , qui fasse au minimum jeu égal avec les échanges peer-to-peer. Il faut donc de la haute-définition, la présence de sous-titres, de plusieurs formats et de plusieurs langues disponibles. Et un prix raisonnable également, car les consommateurs ne sont pas des vaches à lait. Pas plus que les FAI . Telles sont les concessions à faire pour que l’offre légale puisse vraiment émerger… et perdurer.
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